Contexte

La préservation de jeux vidéo nécessite des compétences provenant de domaines très variés, entre autres dû à la complexité que présente ce type d’objet. On trouve d’une part des supports de données avec une grande diversité dans la matérialité telles la bande magnétique, la mémoire morte des puces ou le disque compact, ainsi que d’autres moins communs. Les machines servant à lire ces supports doivent également être prises en compte, ainsi que les manettes de jeux, les accessoires et le câblage, ceux-ci étant centraux pour permettre l’interaction du joueur avec le jeu. Tout support physique doit être convenablement entretenu afin qu’il reste fonctionnel dans les années futures. Humidité et température doivent être contrôlés avec soin afin d’éviter la perte de données, la fragilisation des plastiques ou l’oxydation des circuits. Il n’est toutefois pas possible d’éviter complètement ces dégradations et des connaissances en réparation et restauration sont indispensables.

Outre cela, les données du jeu en elles-mêmes doivent êtres extraites des supports de stockage, avant d’être transposées dans des formats numériques. Ceci requiert un effort particulier, car des données corrompues ou incomplètes peuvent empêcher le jeu de fonctionner correctement. Chaque support peut contenir des subtilités dont il faut être conscient. Une fois les données extraites, une stratégie de préservation à long terme des données numériques, selon le modèle OAIS par exemple, doit être suivie afin de s’assurer de l’intelligibilité des informations sur le long court. Enfin, pour permettre l’accès, des outils informatiques doivent permettre de recréer l’expérience de jeu original le plus fidèlement possible.

Bien sûr, toutes ces données doivent être entrées dans une archive, avec des métadonnées permettant de décrire leur provenance et leur utilisation. Une solide infrastructure assurant la pérennité des données, ainsi que leur sécurité et accès, doit être mise en place.

La préservation d’un jeu ne s’arrête pas aux objets et aux données. Un élément important et souvent négligé est le contexte de diffusion et de réception auprès des joueurs. Une partie importante du budget alloué à un jeu est destiné à sa promotion dans la presse, les réseaux sociaux et sur internet, ceci pouvant influencer la perception du public et le nombre d’unités vendues. Du côté des joueurs, ceux-ci partagent publiquement leurs expériences de jeu en rédigeant des commentaires en ligne. Ils forment des communautés pour s’entraider, jouer en équipe et parfois même modifier le contenu du jeu pour créer de nouvelles expériences (“modding”). Ces éléments socio-économiques sont éphémères et il est crucial de les prendre en compte afin d’avoir une vision réelle de l’impact d’un jeu vidéo aux alentours de sa publication.

Nous souhaitons encore attirer l’attention sur les possibilités offertes par le matériel préservé. Prévenir la disparition de notre patrimoine est essentiel, mais il est tout aussi important de le mettre en valeur. Les qualités ludiques et interactives du jeu vidéo font de lui un outil d’éducation efficace et engageant. Il est témoin des avancées technologiques de tous temps et influence les autres médias, qui depuis longtemps s’en inspirent. Le mettre en valeur et documenter son histoire en organisant des événements publics sont nécessaires pour bien saisir les évolutions de notre société en matière de transmission de l’information et des connaissances.